vendredi 10 février 2017

Intervieuw de Roger

 Est-ce que votre victoire à Melbourne revêt une importance particulière à vos yeux ?

RF:"Certainement. J'ai beaucoup donné durant les dernières années, mais j'ai eu pas mal de problèmes au dos, puis au genou. Quatre ans et demi ont passé sans que je puisse remporter un tournoi du Grand Chelem, alors que je me sentais plutôt bien dans mon jeu, jusqu'à ce come-back qui a forcément une saveur spéciale pour moi. C'était presque encore meilleur que dans mes rêves : au cinquième set, contre Nadal, à 35 ans ! Surtout, ce qui m'a peut-être le plus marqué c'est l'écho exceptionnel que ce match a rencontré un peu partout."

Comment faites-vous pour rester au sommet depuis si longtemps dans un sport si exigeant ?

RF:"Depuis 2004, je travaille avec Pierre Paganini, mon entraîneur physique, qui m'a fait promettre, quand je suis devenu numéro 1 mondial, d'être sélectif, de ne pas courir après tous les titres et faire tous les tournois. C'est important pour rester frais mentalement. Avec mon coach, Severin Lüthi, et ma femme, toute l'équipe est sur la même longueur d'onde. J'ai toujours produit mon meilleur tennis les années où je me donnais du temps pour m'entraîner. J'ai cette chance de retrouver très vite le rythme de la compétition, même après un assez long break. Après mille et quelques matchs, on est forcément plus fragile que dans le passé, et il faut savoir en tenir compte."

C'est décisif un coach ? Vous vous en êtes pourtant passé à une époque...

RF:"Oui, en 2004, je suis resté presque un an et demi sans coach, l'année où j'ai gagné trois tournois du Grand Chelem. Je n'avais pas d'agent non plus. Mais tout avait été mis en place avant. J'ai géré avec ma femme, mes parents et mon avocat. Ça m'a fait grandir, prendre mes responsabilités, mais ce n'était pas durable."

Êtes-vous conscient que, dans un match, vous entrez à certains moments dans une sorte de transe, d'état second, et qu'alors, comme dit Nadal, plus rien ne peut vous arrêter ?

RF:"Je pense que tous les grands athlètes connaissent un peu cela quand ils commencent à dominer leur discipline. Ce sont ces moments où l'on sent que l'on prend le dessus sur l'adversaire et que plus rien ne peut vous voler la victoire. On devient plus décontracté, on prend plus de risques, alors que l'autre s'échine à revenir au score. Ça n'arrive pas très souvent, il faut quand même aller très loin dans un tournoi, face à un concurrent très fort, pour que ça se produise. Je suis sûr que Nadal a aussi connu de tels états."

C'est le joueur avec lequel vous aimez le plus vous retrouver ?

RF:"Je ne dirais pas « aimer ». C'est le plus grand challenge pour moi. À cause de son style de jeu de gaucher, sa façon très naturelle de jouer, qui m'empêche souvent de pratiquer mon jeu classique. Je pense toutefois que Novak Djokovic est aussi un adversaire coriace. Et d'avoir joué treize fois contre Andre Agassi m'a énormément appris."

Quel est le joueur qui vous a donné envie de faire du tennis de compétition ?

RF:"Pour moi, c'était Boris Becker et Stefan Edberg. Je les ai vus jouer dans mon salon à Bâle. Plus tard, ce fut Pete Sampras. J'ai joué mon premier match contre lui, et le seul, en 2001 à Wimbledon, à 20 ans : je l'ai battu en huitième de finale. C'était irréel pour moi d'entrer sur le court central pour jouer contre celui qui avait été mon idole. Je me suis dit : c'est pour vivre des moments comme celui-là que tu t'entraînes si dur et que tu as choisi le tennis."

Vous avez créé une fondation, mais vous vous refusez à parler politique. Vous sentez-vous tout de même concerné par ce qui arrive dans le monde ?

RF:"La politique mondiale m'intéresse, bien sûr. J'aime parler avec les Français de ce qui arrive en France, avec les Américains de ce qui se passe chez eux, et évidemment de la Suisse en Suisse. Le feeling des gens m'importe beaucoup. Il y a pas mal de choses qui se passent en tout cas en ce moment. La Fondation, je l'ai créée il y a onze ans. Elle a reçu déjà 30 millions de francs suisses. Elle vient en aide à l'éducation des jeunes enfants, à l'origine en Afrique du Sud. Cette action m'a été inspirée par ma mère, qui est Sud-Africaine. J'ai voulu très tôt faire partager ma chance. Je crois que l'éducation, c'est un bien que l'on reçoit à vie. On veut essayer d'aider 1 million d'enfants en 2018."

Et maintenant, cap sur Roland-Garros ?

RF:"J'ai le privilège maintenant de m'en tenir à des programmes préétablis. Je joue un peu moins que lorsque j'avais 23 ans. Je vais faire quinze tournois cette année. J'ai mal vécu l'an dernier de ne pas pouvoir jouer à Roland-Garros à cause de mon genou alors que j'étais à Paris. Je me suis retrouvé devant mon miroir, incapable pour la première fois, sur 60 tournois d'affilée, de poursuivre un Grand Chelem. C'est pour ça que je veux tout faire pour être de retour à Roland-Garros cette année."

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