mardi 21 novembre 2017

Roger Federer: l'Australian Open 2017

 

Les larmes ont coulé sur ses joues. Une première fois après avoir levé les bras au ciel dans un geste de victoire. La deuxième lorsqu'il a compris, sur le podium, que le dieu vivant du tennis, Rod Laver, se tenait debout à côté de lui et s'apprêtait à lui remettre son dix-huitième trophée du Grand Chelem. Oui, dix-huit. Roger Federer n'avait pas besoin de cette nouvelle victoire en finale de l'Open d'Australie (6/4, 3/6, 6/1, 3/6, 6/3 en 3 h 38 contre Rafael Nadal) pour écrire sa propre légende. Il y a belle lurette que l'on n'utilise plus que des superlatifs pour le décrire, lui et son tennis. Le «Goat» (Greatest of all time), le «Master» ou même simplement «Roger» : pas besoin de davantage de mots pour que tout soit dit.
Mais si sa légende n'en avait plus besoin, l'homme, si. Plus que tout. «C'est quelque chose qu'il a en lui, confirmait après la finale l'ancien joueur Arnaud Boetsch, qui compte aujourd'hui parmi les proches du Suisse. Le gagner tout de suite en Australie, je ne pensais pas qu'il y croyait, mais oui... les victoires en Chelem, il a vraiment ça en lui.» Ce «18», le Bâlois lui courait après depuis Wimbledon 2012, date de son dernier triomphe dans un tournoi majeur jusque-là. Si les autres doutaient qu'il puisse un jour de nouveau tutoyer les sommets – trop vieux, trop lent, plus assez puissant – lui était persuadé que son tennis était toujours là et, qu'à force de travail, il y aurait un jour, prochain, où cela passerait de nouveau. Depuis plus de quatre ans, Grand Chelem après Grand Chelem, il n'avait cessé de le répéter. Vu la qualité du spectacle produit au dernier jour de l'Open d'Australie, il avait raison. «Je crois vraiment que cela a été un grand match, a indiqué, sourire un peu triste quand même, mais beau perdant, Rafael Nadal. Je suis heureux d'y avoir pris part, je me suis battu pour essayer de gagner ce trophée. La seule chose que je puisse faire, c'est le féliciter et repartir de mon côté à la maison avec beaucoup de sentiments positifs.»
Que ce sacre que Roger Federer appelait de tous ses vœux depuis (trop) longtemps se soit précisément dessiné face à son meilleur ennemi «Rafa», ce dimanche sur la Rod Laver Arena de Melbourne, le Suisse peut le voir comme un signe de plus : la légende est toujours en marche et elle ne peut s'écrire qu'au terme de combats d'anthologie. Cela faisait en effet dix ans qu'il n'avait plus battu Nadal en finale de Grand Chelem. Qu'il y soit parvenu, en venant chasser le Majorquin – de retour après trois mois loin du circuit en raison d'une opération du poignet – sur ses terres de résistance physique et sur son coup droit «lasso», rend le triomphe encore plus admirable.
 
Surtout à 35 ans, surtout pour son tournoi de reprise après six mois d'arrêt en raison d'une grave blessure au genou. «Je ne trouve pas les mots, a glissé au micro lors de la remise des prix un Roger Federer toujours submergé par l'émotion. Je voudrais féliciter Rafa pour son incroyable come-back. Je ne pense pas que l'un d'entre nous aurait pu penser que nous nous retrouverions en finale de l'Open d'Australie quand nous discutions ensemble de nos blessures il y a cinq mois de cela à Majorque [en octobre, pour l'inauguration de l'académie de Rafael Nadal, ndlr]. Et pourtant, nous sommes là! Le tennis est un sport difficile. Il ne peut pas y avoir de match nul mais si c'était possible, j'aurais accepté avec joie le match nul avec Rafa ce soir. Vraiment.»
Compliqué en effet à la sortie de cette finale d'identifier clairement le dominant et le dominé, tant l'avantage a changé de camp plusieurs fois au cours de la rencontre. Ainsi, lorsque Rafael Nadal a réussi le break et s'est détaché 3-1 dans le cinquième set, parier sur les cinq jeux alors alignés à la suite par le Bâlois aurait été l'équivalent de tenter un tapis au poker. Et pourtant, c'est bien ce que Roger Federer a réussi pour renverser le match et s'imposer sur une ultime attaque de coup droit flirtant avec la ligne. «On le savait capable de pouvoir réaliser ce genre de performance, analysait dans les travées du stade Nicolas Escudé, qui a commenté la finale pour la télévision. Mais on avait forcément un doute quant à sa capacité à le faire après une pause aussi longue, après une quinzaine au cours de laquelle il avait déjà sorti trois top ten, et face à Rafa revenu aussi à son meilleur niveau, d'autant plus vu leur passif en finale de Grand Chelem... Franchement, c'est énorme ce qu'il a fait!» «A 35 ans, c'est phénoménal, surenchérissait Arnaud Boetsch. Je vous rappelle qu'à mon époque, on nous disait : "à 35 ans vous êtes fini!" On nous répétait ça depuis nos 20 ans. Et là, quand on voit le niveau de jeu. Et puis courir aussi bien et être aussi "fit" tout au long d'une quinzaine comme ça... bravo.»

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  Roger avec Rafael Nadal pour Louis Vuitton dans les Dolomites. Quel plaisir de voir! 💗💗💗💗